dimanche 3 août 2008

Constantine

On pouvait un brin redouter cette énième adaptation d'un comic par un obscur réalisateur de clips dont c'est là le premier long-métrage, mais Francis Lawrence semble être parvenu à maîtriser son sujet et même y faire la démonstration d'une personnalité forte. Mis à part un petit côté "coup d'poing dans la gueule des démons" et l'erreur de casting concernant Keanu Reeves, Constantine se révèle être plutôt de bonne facture.

Loin du format blockbuster jovial et sans nuances le film est plutôt dépressif et noir, soutenu par un scénario assez original dans le genre très visité des histoires sataniques. Cette aventure où l'on suit un jeune medium exorciste passablement désabusé affronter les Enfers afin de retrouver la soeur jumelle de l'héroïne est parsemé de très bonnes idées scénaristiques et visuelles. Le cancer du héros, le personnage de Gabriel, la vision de l'Enfer - même si les démons sont assez moches - l'apparition de Lucifer sont autant de moments tout à fait surprenants et bien maîtrisés. On évite même les sempiternelles allusions grivoises si chères aux exorcismes de cinéma.

Il est donc regrettable que les tourments et la maladie du héros soient si mal exploités par un Keanu Reeves plus terne que jamais. Il était souvent crédible en personnage froid et lisse mais là il nuit gravement au film. Il n'a absolument pas la substance pour jouer ce type de personnage tourmenté et vaguement "trashy". Sa présence dans le film ne peut se justifier que par son côté "bankable" post Matrix, car tous les autres acteurs sont eux étranges et particuliers.
Tilda Swinton est tout à fait étonnante dans le rôle de l'ange Gabriel, le choix est audacieux et l'effet garanti. Rachel Weisz est très convaincante et le jeune chauffeur du héros parvient en quelques scènes à se faire remarquer.

Malgré une direction artistique honorable, on pourra déplorer des choix discutables du côté des effets spéciaux numériques, mais c'est un peu l'époque qui veut ça. Après tout, il suffit de revoir quelques vieilleries "à effets" des années 80 du type Dreamscape pour se rappeler que le numérique apporte dans ce domaine une qualité globale incomparable, en particulier côté incrustations et fluidité de mise en scène. D'ailleurs, la seule véritable cata visuelle du film est cet improbable fusil crucifix doré papier chocolat. C'est grotesque et ce n'est pas en 3D.

Bref, sans être inoubliable, Constantine est un film "satanique" plutôt solide et distrayant, qui ne donne pas l'impression qu'on se moque du spectateur et qui ne sombre jamais dans le ridicule. Ceux qui ont vu L'Exorciste Au commencement ou La Fin des Temps savent de quoi je parle...

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